Jean nous a quitté

Il y a quelques années, vous avez croisé le chemin de La Jeune Pousse qui a donné naissance à notre coopérative d’habitants Abricoop. A l’occasion d’une, de deux ou de plusieurs réunions, vous avez sûrement croisé Jean Grandin.
Les Abricopains ont la tristesse de vous annoncer son décès, à l’âge de 85 ans, dans la nuit de dimanche à lundi 7 février au Centre de Soins de la Cadène où il était hospitalisé depuis quelques semaines.
Nous nous souvenons tous de ses éclats de rire, de ses talents de cuisinier, de sa passion pour les tableurs Excel et, surtout, de son sens du partage et de l’intérêt général.

Lundi soir, nous avons allumé des bougies sur nos balcons et nous nous sommes réunis devant notre immeuble.

Les murs d’Abricoop : une membrane organique ?

La propriété privée est la base du capitalisme. Les murs de la propriété sont des murs bien solides et bien durs et ne tolèrent aucune extension au risque de s’effondrer. Ici c’est « chez moi » et ici c’est « chez toi ». La distinction règne. Et si on cherche à dépasser la limite de notre « propriété privée » les ennuis commencent !

Et les murs d’une coopérative d’habitants ?

Je n’avais pas imaginé qu’ils ressembleraient plus à une membrane organique qu’à des murs en dur.

J’en viens d’en faire l’expérience avec la venue de notre fils pendant la période de reconfinement.

Puisque obligé de télétravailler, il nous demande s’il peut venir se confiner chez nous. (A Paris il resterait bien isolé).  

Alors, oui bien sûr, mais l’appartement de 50 mètres carrés risque d’être un peu petit pour nous contenir tous les trois avec nos différentes activités pendant ce temps long. 

Cet appartement c’est « chez moi », ou plutôt « chez nous » à Patrick et moi. Mais il y a un autre « chez nous » plus extensible : les chambres d’amis ! Elle ne seront pas utilisées durant tout ce temps…Confinement oblige.

Voilà. Notre jeune adulte de fils peut s’installer le temps du reconfinement dans ce « chez nous » là. Il a sa part d’indépendance : clé individuelle de chambre d’amis. De plus, il profite de la générosité de Cécile, absente le temps du confinement, qui lui prête son appartement pour en faire son bureau ! Il vient nous voir pour partager nos repas et des moments conviviaux et a sa vie indépendante pour travailler et, quand il le souhaite, se retrouver seul ou profiter de la vie de la coopérative. La compagnie est de tous âges : de 1 à 83 ans…Le choix est grand.

En fait, c’est bien mieux qu’à « la maison », notre propriété individuelle qu’on a hésité à quitter « à cause des enfants » qui risquaient de venir nous voir de temps en temps. Le reste du temps tout cet espace était inhabité et replié sur lui-même avec comme unique compagnie deux parents vieillissants. Mais comment allait-on les accueillir dans nos 50 mètres carrés ? 

Imbus de la religion capitaliste, on ne pouvait pas imaginer l’effet de « matrice » d’une coopérative d’habitants : les murs  sont extensibles et remplis de « chez nous ».

Marie-Ange

Quartier de la Cartoucherie – Balade de confinée – Avril 2020

Retrouvez les photos libres de droits du quartier

20200418-Quartier Cartoucherie / Google Photos


J’étouffe, je sors, j’erre, je déambule. Je shoote.
Le quartier de la Cartoucherie.

Transformation suspendue.
Lieu habités, trop serrés, occupés, investis ou barricadés.
Bouts de verdure qui tentent de trouver leur place.
Béton, ferraille, bitume, déchets qui s’incrustent.
Silence du chantier avant le vacarme et la poussière de la reprise.

Habitant·es cloitré·e·s, conversations de balcons. Joggeurs et promeneurs.
Fantômes avant l’heure.

Mais c’est mon quartier. Tout y est encore possible …

Une journée confinée chez la famille B.

– Se lever bien après que le réveil ait sonné

– Prendre ses cachets pour booster son immunité

– Réveiller en douceur la maisonnée pour petit déjeuner

– Consulter téléphones et courriels très sollicités

– Ouvrir les volets, aérer les chambres et les oreillers

– Puis se préparer pour télétravailler et surtout pour jouer à enseigner

– Préparer le repas en fin de matinée

– Jouer au Playmo, au Lego en oubliant l’heure du déjeuner

– Manger en famille en écoutant les informations sans trop angoisser

– S’accorder un petit café sur le balcon ensoleillé

– Avant de tapoter sur les touches de son clavier pour participer à l’école connectée

– Préférer téléphoner à la famille éloignée que faire des corvées

– A l’heure du goûter, aller se balader et se défouler

– Croiser des voisins pour de vrai et discuter des actualités

– Se réjouir du calme des rues et du ciel « désavionné » à toute heure de la journée

– Se réunir tous les jours à 18h pour un zoom entre voisins esseulés

– Préparer le repas, les chansons, la soirée

– Sortir sur la coursive à 20h pour applaudir les personnels de santé

– Chanter des hymnes français à gorge déployée

– Rigoler entre voisins et prendre des nouvelles de notre journée

– Refermer nos portes en se souhaitant une bonne soirée confinée

– Continuer de chanter avant d’aller se coucher

Quand le JT de France 2 débarque chez toi, c’est branle-bas de combat.

Entre un pique-nique d’îlot, une plénière triage, un repas partagé et un atelier cooptation, pendant que nos chers voisins transbahutaient les encombrants du grand rangement du local vélo, les caméras étaient là. Heureusement, pas de commandes groupées ou AMAPs à gérer ce jour-là !

Mais le collectif gère. Le groupe s’auto-anime, et les volontaires, Tess, Stéphane, Marion se prêtent au jeu de la mise en scène, de la simplification. Chapeau-bas à Christelle Meral la journaliste et à Guillaume Marque JRI (Journaliste Reporter d’Image) pour avoir su synthétiser en moins de 5 minutes notre projet et le porter au Grand public.

Seul regret, les rushs sont propriétés de France 2. Ils finiront supprimés et dans notre esprit coopératif, on aurait bien partagé avec vous nos réflexions sur l’écologie, l’importance de lutter contre la spéculation immobilière, l’étalement urbain, l’indispensable soutien des collectivités à cet œuvre d’intérêt général et de plaisir de vivre ensemble dans nos quartiers, sur nos paliers.

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Un nouveau cohabitant !

22h30. Il y a du bruit dans la rue. Ce soir entre la fête Saint Michel et un évènement aux Halles, le quartier est bien animé.

On papote sur le balcon du premier autour d’une tisane.

Soudain un bruit. Mais qui peut bien balayer en dessous à cette heure-ci ? Ludo aurait il des insomnies ? Je me penche, dans la paille, ça bouge.

C’est une grosse boule marron qui farfouille.

Un chat ?

Pas assez vif.

Un rongeur ?

Un rat, une taupe ?

Non c’est trop gros.

Plein phares du balcon.

Non toujours pas, on descend.

Espérons ne pas l’effaroucher.

On s’approche,

Mais c’est évident bien sûr !

Un hérisson.

On espère qu’il se régale de larves de moustiques.

Bonne nuit, bon appétit nouveau cohabitant !

Petits moments de bonheur : une après-midi à Abricoop

Repas sur le toit terrasse

Hier jeudi, à 15h, après une petite sieste de « pré-retraités », nous décidons Patrick et moi d’aller faire nos démarches administratives. Mais il faut tirer sur papier certains documents et nous n’avons pas d’imprimante. Nous nous résignons à aller jusqu’au centre ville pour tout imprimer. En descendant nous apportons au rez de chaussée les cagettes et la balance qui vont servir à l’AMAP de ce soir .

Nous rencontrons François qui arrive d’une séance de sport. Il nous aide à sortir les cagettes de l’ascenseur.

« -Tu n’aurais pas une imprimante par hasard ?
– si, si.
-Tu pourrais nous tirer quelques feuilles ?
-Bien sûr ! »

C’est la providence !

François suggère que nous nous retrouvions ce soir pour manger avec tous les abricoopains présents, sur la terrasse. Depuis lundi ça devient un rituel ! Plaisir de se retrouver pour manger ensemble. Ça a commencé avec les légumes du jardin de Chantal, à partager. Le lendemain il restait encore des légumes… Nouvelle occasion de manger ensemble et de continuer la discussion passionnante sur le contre sommet du G7 auquel Cécile a participé. Mercredi c’était pour fêter le retour de vacances de Stéphane et Elodie et de leur trois loupiaux. Ce soir il n’y a aucun prétexte. C’est devenu un rituel. Ce ne sont pas toujours les mêmes qui viennent mais il y a les « afficionados » dont nous faisons partie et c’est toujours très sympa.

Nous revenons vers 17h. Petit thé. Puis téléphone de Véro :

« -Vous êtes disponibles pour m’aider à l’AMAP ?
-Oui bien sûr.
-Vous pouvez appeler Elodie en descendant ?
-OK. »

Et c’est parti ! Elodie habite au second, nous au quatrième.

Et nous voilà affairés à transporter et à trier les légumes dans les cagettes, avec les habitants des 4 vents. On joue à la marchande… Des petits enfants viennent picorer quelques tomates cerises et s’enfuient comme des moineaux quand nous leur demandons d’attendre qu’ils soient pesés.

Chloé et Ludo rentrent Dimanche. Je dépose chez eux leurs légumes et partage les fromages de l’AMAP (Nous avons 1/2 paquet chacun).

Patrick part chez Geneviève lui apporter sa moitié de panier. Pendant ce temps je monte quelques caisses et envoi un texto à tous :

« Repas partagé sur le toit terrasse ce soir à 19h 30 ».

Sylvain a des problèmes avec ses plaques de four qui ne fonctionnent plus. Il vient voir comment ça se passe chez nous au niveau du compteur électrique. Est-ce un problème de fusible ?

Je descends rejoindre Patrick chez Geneviève. Je frappe, je sonne. Personne ! Mais sur la coursive il y a deux des trois loupiaux de Steph et Elodie qui sont là, assis sur un banc de jardin. On entame la discut.

« -Tu sais ce que je sais faire ? 
-non.
-Regarde ! »

Et il se soulève sur ses bras, jambes en équerre, les mains en appui sur le banc.

« -Ouahhhhhhhh ! » dis-je admirative.

« Papa il est parti et il va revenir avec une grosse voiture de sport décapotable rouge et orange ! ». J’ai un doute : Steph. et Elo. sont des adeptes du vélo par tous les temps.

Je retrouve Patrick au troisième sur la coursive en grande discussion avec Geneviève et Jean, notre doyen. Il parlent d’une possible réunion. Thème : la mort. On va se réunir Samedi de 9h à 11h pour la préparer.

Nous remontons préparer le repas partagé.

Patrick fait la cuisine et me demande de descendre la poubelle de déchets de légumes au compost partagé avec les 4 vents. J’en profite pour réserver une chambre d’amis pour mercredi, dans le hall d’entrée. J’appelle l’ascenseur. Guillaume en sort. Il va accrocher dans l’entrée un « flyer » de l’archipel citoyen (regroupement de citoyens pour les prochaines municipales toulousaines).

Véro. m’appelle :

« – Vous avez du pain et un tire-bouchon ? 
– Oui, on les amène.»

On est déjà en retard.

Nous montons, retrouvons Cécile, François, Guillaume, Geneviève, Véro. Nous goûtons les plats les uns des autres. Délicieux. Tess arrive un peu plus tard. Nous la félicitons pour son jardin. En un an, elle a fait de quelques mètres de terre polluée, un petit paradis luxuriant. Elle nous apporte des amandes et noisettes grillées avec un enrobage de caramel, tout ça fait maison. Nous prévoyons de faire avec elle un atelier « confiserie » pour apprendre à faire ces délices.

Nous parlons de la june ou G1, système monétaire nouveau assez développé dans la région, qui permet d’avoir un revenu universel et de sortir de la monnaie dette qu’est l’euro. Il n’est pas relié à l’euro comme le sont les monnaies locales. On pourrait s’en servir aussi entre nous dans nos échanges de service. Trois abricoopains semblent intéressés. La seule limite : c’est une monnaie numérique. Guillaume nous parle d’un autre système qui ne passe pas par le numérique : le « JEU ». Une de ses copines en est l’instigatrice ; Elle doit venir la semaine prochaine. Il va lui proposer d’organiser un temps d’échange avec nous et les 4 vents.

Il est 22h. Tout le monde est un peu fatigué. Nous nous quittons heureux de ces échanges.

BONNE NUIT

Le 11 juin 2019 : deux nouveaux Abricoopains se sont donnés RV !

Ce week-end de pentecôte 2019, l’immeuble d’Abricoop s’était quasiment vidé de ces habitant.e.s.

La première année, d’emménagement, de découverte du collectif au quotidien avait été dense. Le groupe avait besoin de se retrouver hors les murs, comme il le faisait du temps où le vivre ensemble n’était qu’un projet.

« Quelle idée, vous habitez déjà ensemble ! » soulignait de manière dubitative la fille d’un des couples d’habitants. « Mais c’est le propre principe des grandes familles, c’est toujours sympa de se retrouver en dehors du cadre quotidien ».

Deux couples ne se sont pas joints à nous. C’est que tant pour Chloé que pour Sofie l’accouchement était imminent.

Nous voilà donc partis, serrés dans un minibus et deux voitures (dont une Citiz), prenant sous notre ailes petits enfants et enfants de Chloé et Ludo. Balades, repas partagés (on gère !) et visites des bisons rythment le week-end. A notre retour c’est l’effervescence. Enfants comme adultes sont excités comme des puces.

Sofie est déjà à la maternité et Chloé est sur le départ. C’est finalement mardi dans l’après-midi que nous recevons à trois heures d’intervalles les excellentes nouvelles. Tout le monde va bien et Abricoop accueille deux petits garçons !

Nés le même jour, un an après le début de cette belle aventure humaine, E & B font désormais partis des 10 enfants et nombreux petits enfants d’Abricoop. Cela promet de mémorables fêtes d’anniversaires !

Grands-mères d’adoption en coopérative !

Il y a un an, le déménagement.

Premier Mars 2018 :

Enfin nous avons la bonne date. Après Novembre, après Décembre, après Janvier, tous ces faux départs, ça y est, nous déménageons.

Nous attendons ce moment depuis l’été 2017, date de la vente de notre maison. Nous sommes installés dans un gite à Folcarde. Notre fille s’est installée à Avignonet, nous avons fait l’aller-retour à Paris pour loger notre fils et nous avons des affaires dispersées un peu partout.
Mais cette fois-ci ça y est, c’est sûr, tout roule, tout est bon. Ludo a même prévu le camion. Tout baigne.
Une ombre au tableau ? Nous n’aurions pas d’ascenseur et nous logeons au quatrième.

Un nuage passe : le ménage de fin de chantier ne sera finalement pas fait. Averse finale : quand nous entrons, il n’y a pas de paroi de douche et la cuisine n’est pas installée.

Heureusement les abricoopains sont là et l’ascenseur fonctionne à nouveau. Tess nous remonte le moral. Le soir, Guillaume nous invite à manger et nous nous endormons entre deux piles de cartons.
Comment faire sans cuisine, sans placards pour ouvrir les cartons ?
Numéro un : remettre de l’ordre dans les cartons pour trouver les bonnes choses.
Numéro deux : squatter le balcon avec les cantines, les meubles et les affaires non indispensables.
Numéro trois : râler contre la porte de douche qui nous bloque le couloir d’entrée et qu’on a peur de casser à chaque fois qu’on bute dedans.
Numéro quatre : cuisiner avec le vieux Thermomix.

15 jours plus tard, Thomas est devenu un expert en plomberie et nous admirons l’organisation d’Elodie.
Le frigidaire et le four fonctionnent mais pas l’évier et le plateau des meubles n’est pas posé. Il faut savoir attendre. Nous partageons les joies de nos voisins qui s’installent petit à petit. Guillaume a une vraie cuisine, Pascale, une vraie salle de bains, Sophie et Sylvain ont installé leur salon. Ça fait rêver.
La salle commune prend forme et on la vide peu à peu de tous les «encombrants ».

Catastrophe : il pleut et toutes nos affaires sont trempées sur le balcon. On éponge tant bien que mal.
1 mois plus tard, fin du déménagement. On se débarrasse de ce qui ne rentre pas et on ramène les derniers cartons. Les cantines ont pris l’eau ce qui nous oblige à laver tout ce qu’il y a dedans.
Un autre mois passe, notre lit arrive, la porte de la douche est posée et la cuisine est opérationnelle. Et grâce à l’aide des abricoopains, le placard est monté. Ouf !
Ça y est : nous sommes installés.

Patrick

Un apéro d’emménagement … original

Début Avril 2018

ça y est les tout premiers cartons sont posés.
Fraîchement arrivée, pas vraiment déménagée, l’appartement commence à se remplir : Tess me prête un évier, Geneviève son frigo, Chloé et Ludo des plaques, Guillaume un lit. Et je peux me doucher dans la chambre d’amis partagée ou chez les voisins en attendant que le trou dans la douche soit réparé …

Toute contente, je croise Cécile et lui propose un apéro. Ni une, ni deux, arrivent Michèle avec du Vouvray, Geneviève avec des chaises, Guillaume avec des graines à grignoter, Tess avec son kéfir. Jean nous rejoint.

On discute, on apprécie d’être ensemble. Mais Jean a l’air absent, son pied est bleu, énorme.

– Et le médecin , il en dit quoi  ?

– Ben j’ai rendez-vous dans 2 jours …

– Tu ne peux pas rester comme ça ! Allez vient on t’emmène aux urgences.

Et ni une ni deux, nous voilà, en voiture, à pied (Purpan est à 10 min à pied), en route pour les urgences. Jean est rapidement pris en charge, Guillaume part avec lui.  Nous attendons des nouvelles dans la salle d’attente, poursuivant notre apéro, traitant de nos sujets collectifs. Et heureux de ce dire que c’est bien d’être là, nombreux aux urgences. C’est une évidence, la coopérative, c’est ça, une solidarité des habitant·e·s au quotidien, dans les bons moments comme dans les moments plus difficiles.

Marion